jueves, 13 de diciembre de 2012

Le chef de l’opposition syrienne, au secours d’al-Qaïda, en Syrie !, par Louis Denghien

Le chef de l’opposition syrienne, au secours d’al-Qaïda, en Syrie !, par Louis Denghien

IRIB- À Marrakech, rien de nouveau :

les mêmes qui soutenaient hier le Conseil national syrien, le déclarant «seul représentant légitime du peuple syrien«, viennent d’accorder le même label à la «Coalition nationale syrienne», nouvelle façade de l’opposition radicale à direction islamiste, et créée voici un mois et quelque sous les auspices et les dollars de l’émir du Qatar. Les mêmes, ce sont évidemment les soi-disant «Amis de la Syrie«, c’est-à-dire la coalition des États-Unis et de leurs alliés et clients européens et arabes, au premier rang desquels la France dont le chef de la diplomatie, Laurent Fabius, a exhorté les pays regroupés, à Marrakech, à reconnaître «individuellement» cette opposition, sous licence du Qatar et de l’OTAN.

Al-Khatib, au secours d’al-Nosra

C’est donc à nouveau, dans une large mesure, un de ces non-événements dont les Occidentaux alimentent régulièrement la chronique de l’actualité syrienne. La Coalition demeure un rassemblement d’exilés dans les mains de puissances étrangères et dominé par les Frères musulmans, rien de très attractif pour le peuple syrien qu’ils prétendent représenter. Mais cette «reconnaissance» étrangère permet aux robots ignares et sans mémoire de nos médias – en l’occurrence, ce matin, le deux potiches de BFMTV – de ressortir sans rire leur antienne un rien usée «Bachar al-Assad est de plus en plus isolé». On sait bien que la méthode Coué tient lieu d’analyse et les slogans d’informations à nombre de nos journalistes, mais on ne peut s’empêcher d’avoir encore un peu honte pour eux (on est trop sensibles, peut-être….)

En tous cas, et nos journalistes ont apparemment oublié de le souligner, cette déclaration de conformité de l’opposition radicale aux normes américaines et qatari coïncide avec une intervention lourde de sens du chef de la Coalition de Doha, cheikh Ahmed Moaz al-Khatib, Frère musulman, dans le civil, qui a, carrément, critiqué l’administration américaine, pour avoir placé le Front al-Nosra, groupe djihadiste dominant, dans le Nord de la Syrie, sur leur liste des organisations terroristes.

Oui, le chef de cette coalition de stipendiés de l’Étranger – l’Arabie saoudite a annoncé, à Marrakech, une aide de… 100 millions de dollars à cette opposition dite syrienne -, que viennent d’adouber les Occidentaux, trouve que ce n’est pas bien de la part des Américains de désigner comme «terroriste» un groupe qui se revendique, ouvertement, d’al-Qaïda, et qui a commis, Washington le reconnaît, des dizaines d’attentats à la voiture piégée ayant fait des centaines de morts et blessés civils et militaires. De nouveaux attentats ont, d’ailleurs, frappé Damas, hier, faisant, au moins, 11 morts et des dizaines de blessés.

C’est à des «détails», comme celui-ci qu’on mesure la modération du chef de la Coalition de Doha, (reçu, avec componction, par François Hollande), qui estime que les égorgeurs et terroristes fondamentalistes d’al-Nosra sont un partenaire respectable, dans la lutte contre le gouvernement syrien. Et sa crédibilité : la Coalition avait claironné, voici peu, qu’elle allait donner à la rébellion un nouveau commandement militaire, chapeautant tous les groupes armés, à l’exception, précisément, des djihadistes d’al-Nosra ! Alors, quand est-ce que M. Al-Khatib a menti ?

Quand Le Monde ne veut pas qu’on «criminalise trop al-Nosra !

D’ailleurs al-Khatib n’est pas le seul à vouloir sauver la mise à al-Nosra. Le Monde a tendu le micro, le 12 décembre, à un spécialiste suédois, Aron Lund, qui tout en étant bien obligé de reconnaître que cette organisation est bien « djihadiste salafiste » et que son but est, au-delà de la Syrie, de «lutter contre l’Occident et les gouvernements chiites« , estime qu’al-Nosra n’est perçu «par la plupart» des Syriens, non comme un groupe de terroristes, mais justes comme des rebelles «peut-être extrémistes», mais qui ont le mérite, donc, de combattre le gouvernement.

 Et Lund d’ajouter que de «nombreux Syriens opposés au régime» sont «agacés par cette décision américaine qui criminalise une partie de l’opposition« . Oui, vous avez bien lu, selon ce fou, on ne doit pas criminaliser al-Nosra, qui, pourtant, s’en est très bien chargé tout seul ! Il est vrai, c’est incontestable, que le djihadisme est devenu, ces derniers mois, «une partie de l’opposition» syrienne, et même une partie essentielle.

On se demande quel est le panel de Syriens sélectionné par Lund pour arriver à des affirmations aussi délirantes. Quant au Monde, il est dans son rôle d’artisan sournois de la destruction de la Syrie, en laissant accroire que les al-Nosra, suprêmement intolérants, massacreurs, décapiteurs et poseurs de bombes sont peut-être utiles et légitimes dans la lutte sacrée – et de plus en plus irrationnelle d’ailleurs – de l’Occident libéral contre Bachar al-Assad. Après tout, c’est le même journal qui, en 1975, avait salué l’entrée des Khmers rouges, à Pnom Penh : les années et les tendances idéologiques passent, l’irresponsabilité demeure.

Au fond, si cette évolution diplomatique et médiatique est révoltante, elle n’est pas étonnante : au terme de 21 mois de crise, la «révolution syrienne» est devenue une vaste offensive terroriste islamiste contre un pays souverain, ses infrastructures et sa population, offensive soutenue à bout de bras par ceux-là même qui ont déjà détruit l’Irak, la Serbie ou la Libye, et aimeraient bien continuer avec l’Iran.

Un Al-Khatib ne peut, en effet, se permettre de «snober» les barbus à bandeau noir d’al-Nosra, parce qu’ils sont, désormais, la force la mieux organisée, en tout cas, la plus agressive, sur le terrain. Sauf que les djihadistes se moquent bien de sauver les vagues apparences démocratiques et pluralistes dont s’entoure la «Coalition nationale syrienne«. Al-Khatib et les siens pratiquent la fuite en avant militaire, parce que c’est leur seule perspective.

On pourrait, d’ailleurs, en dire autant de leurs protecteurs occidentaux, qui se préparent des lendemains difficiles avec le monstre islamo-terroriste qu’ils n’ont cessé d’engraisser et de conforter, en Syrie.

On sait que la diplomatie est une affaire de cynisme et d’égoïsme (national ou de bloc), mais là cynisme et égoïsme sont suicidaires, à terme, du point de vue de Washington, Londres ou Paris. Après tout, c’est leur problème, et ça va le demeurer un bout de temps.

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